Biodiversite
Pavillon de l'Arsenal
Fibra Architectures 2019
Lors de la COP21, les États se sont engagés à lutter contre le dérèglement climatique, notamment par la réduction de l’empreinte environnementale des bâtiments. Le secteur du BTP compte en effet parmi les plus mauvais élèves en matière d’empreinte carbone. Aujourd’hui, en France, 1m² de bâtiment construit, c’est 1,5 tonne de CO2 émises : 40% sur l’exploitation et 60% sur la construction. Dans ce contexte, développer l’utilisation des fibres végétales dans l’architecture semble être une piste prometteuse. Murs en béton de chanvre, charpente en bambou, couverture en chaume ou encore isolation en paille, les matériaux biosourcés sont nombreux, chacun correspondants à un usage précis. En novembre, cinquante projets internationaux ont été récompensés lors du Fibra Award, premier prix mondial de des architectures en fibres végétales porté par Amàco, centre de recherche dédié aux sciences de la matière pour la construction durable. L’utilisation massive de ces matériaux pourrait permettre de limiter le prélèvement de ressources non-renouvelables d’origine fossile. En plus d’être dotées de performance hygrothermiques et isolantes, les fibres végétales créent une esthétique qui répond à la tendance actuelle très affichée de « reconnecter l’homme avec la nature ».
Ressources et savoir-faire locaux
Si les projets africains et asiatiques sont surtout constitués de bambou, de palmier ou encore de feuilles de canne à sucre, en Europe, on privilégie le chaume, la paille et le chanvre : « On utilise les ressources locales disponibles et abondantes pour réaliser des économies et éviter le transport », explique Dominique Gauzin-Müller, architecte spécialiste de l’architecture biologique et coordinatrice du Fibra Award. Pour devenir matériaux, ces matières premières sont compactées (c’est le cas pour l’isolation et le bardage), torsadées, tressées ou encore tissées. Les savoir-faire locaux sont alors mis à contribution, « cela ouvre des débouchés à des traditions populaires ancestrales et permet de dynamiser l’économie locale », poursuit Dominique Gauzin-Müller.
À noter que la grande majorité des projets présentés ont une dimension sociale et/ou culturelle, à l’instar du centre culturel Thread au Sénégal, qui a permis de lutter contre l’exode rural en amenant formations et travail dans un village isolé. Citons encore le dortoir d’un centre de réfugiés à Bangkok, en Thaïlande, et la Why Not Academy, une école en bambou et en terre crue construite dans un bidonville de Nairobi au Kenya.
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